Passage Pensak

Bienvenue au Passage Pensak, un bâtiment intéressant à plus d'un titre:

  • C'est le tout premier "centre commercial" de Tel-Aviv, construit en 1925. Mais bon, faut s'entendre. A l'époque c'était un bâtiment qui abritait quelques commerces, des bureaux et des ateliers.
  • C'est le bâtiment qui a organisé le premier restaurant sur son toit. Un rooftop avant l'heure. Swag.
  • C'est le bâtiment qui a abrité le premier ascenseur de la ville. À l'entrée, ne manquez pas le panneau délavé sur le mur qui indique la « ma'aliya » (une des premières formes du mot hébreu moderne ma'alit). Cela vous mène à une cour intérieure ouverte, rappelant les riads marocains, un véritable voyage architectural.  Et c'est à cet endroit que l'ascenseur a été installé, avec un cadre en fer forgé qui ferait pâlir d'envie n'importe quel architecte.

    Prenez un moment pour admirer cet ascenseur historique. Sa plateforme, recouverte de sable local et parsemée de coquillages, sont un clin d'œil charmant à la région. Un véritable trésor caché au cœur de Tel-Aviv ! 🌟🏛️

    Le bâtiment est très européen. La façade du bâtiment, rappelle celle des grands magasins de l'époque tandis que le terme "passage" ferait, lui, référence aux galeries commerçantes très présentes encore aujourd'hui à Paris, Bruxelles ou Prague par exemple.

Mais l'explication du nom "Passage Pensak" est peut-être plus prosaïque que cela. Pensak est le nom du premier propriétaire du bâtiment, un riche homme d'affaires new-yorkais ayant fait son aliya. La cour intérieure, elle, ne ressemble pas à une galerie commerçante traditionnelle. Peut-être le nom "Passage Pensak" a-t-il été choisi parce qu'il offrait tout simplement ... un passage depuis l'entrée vers la cour. Parfois faut pas allez chercher trop loin.

Neve Tzedek : une oasis de charme au cœur de Tel Aviv

C’est le plus vieux quartier juif. Il a été créé au 19ème siècle (1886), bien avant le quartier Ahuzat Baït (1909), qui dans le récit de la fondation de la ville, est le premier quartier hébraïque de l’ère moderne. Le quartier Neve Tzedek a fait l'objet d'une profonde réhabilitation qui a pour une fois respecté l'esprit du quartier d'origine. Ici pas de gratte-ciel mais de petits maisons joliment rénovées. Si bien qu'en quelques années, il est devenu le quartier le plus chic de la capitale. Le prix au m2 des immeubles dépasse tout ce que l'on peut imaginer ailleurs dans le monde.

Au cours de la balade, vous passerez dans des petites ruelles typiques du quartier, le musée Nahum Gutman, le célèbre centre de dance Suzanna Della, l'ancienne gare ferroviaire (HaTachana) et sa voie ferrée transformée en une magnifique promenade.

Découvrir Neve Tzedek à pied

HaTachana (l'ancienne gare ferroviaire)

Allez jusqu'au n° 20 de la rue Herzl. C'est ici que commence un parcours très agréable qui suit l'ancien chemin de fer. L'ancienne gare ferroviaire qui reliait autrefois Jaffa à Jérusalem a fait l'objet d'une profonde réhabilitation au début des années 2000 et vaut la peine d'y passer surtout le jeudi ou le vendredi/samedi (marché bio).

Lisez notre article sur HaTachana

La gare routière

La gare routière est impressionnante par sa grandeur et surtout par sa laideur.  Le bâtiment de 7 étages (dont 2 totalement souterrains) et de plus de 240.000 m2  (dont une grande partie n'a jamais été utilisée) était censé accueillir 1.500 magasins et plus de 1 million de voyageurs (alors que la population israélienne en 1960 ne dépassait pas 3 millions d'individus, cherchez l'erreur ! Cette gare représente l'esprit des années 60 (tout en béton) et sa construction n'en finit pas de diviser les Israéliens. Rien que sa construction a pris plus de 27 ans et elle n'est entrée en service qu'en 1993 après 26 ans de déboires financiers et opérationnels.

C'est très probablement la seule gare routière au monde qui possède un énorme abri anti-bombe nucléaire, une salle de cinéma à six écrans entièrement construite mais jamais utilisée et un tunnel de bus qui est devenu une grotte de chauves-souris et a été déclaré réserve naturelle. On peut la visiter mais il vaut mieux le faire avec un guide car si vous vous perdez dans le bâtiment c'est foutu.

A noter toutefois au cinquième étage, Yung Yiddish a établi une bibliothèque yiddish avec plus de 40 000 livres et une programmation hebdomadaire.

Le quartier oublié (celui qui ne se trouve dans aucun autre guide touristique)

Après avoir vu l'ancienne gare routière, poussez jusque la rue piétonne Neve Sha'anan.("Oasis tranquille"). C'est un quartier qui a été, établi par 400 Juifs qui ont quitté Jaffa en 1922 pour fonder une communauté agricole-urbaine, avec des orangeraies parfumées et de petites les industries. Tout mignon donc. sauf que la construction de la gare routière (d'abord l'ancienne en 1941 puis la nouvelle 100 m plus loin en 1960) a fait péricliter le quartier  qui est devenu malfamé.

C'est ici que vivent désormais les demandeurs d'asile et les travailleurs étrangers sans papiers, ceux que l'on appelle les invisibles de Tel-Aviv. La rue ne se trouve bien évidemment dans aucun guide touristique et c'est normal car elle n'a pas bonne réputation. On peut cependant y trouver une cuisine ethnique authentique du monde entier ainsi que des épiceries exotiques   Mais si vous voulez comprendre Tel-Aviv, il faut aussi pouvoir aborder ses côtés sombres.

HaTachana : une gare transformée en destination branchée

La municipalité de Tel-Aviv a eu la bonne idée il y a quelques années de transformer l'ancienne ligne de chemin de fer en un écrin de verdure au milieu de la ville, que l'on appelle désormais le park Hamesila. C'est ici que la jeunesse telavivienne se retrouve le soir tout autour du célèbre complexe culturel Teder.

Au bout du chemin se dresse l’ancienne gare ferroviaire qui était située dans le quartier Manshiya (aujourd’hui disparu) et qui présente un intérêt vaguement historique car c’est l’ancienne gare du chemin de fer qui reliait autrefois Jaffa à Jérusalem. Son destin fût néanmoins assez bref puisque la ligne a été inaugurée en 1892 pour être fermée en 1948 (environ 60 ans).

L'histoire de la gare

Une balade dans ce complexe totalement rénové il y a quelques années et devenu tendance (on y trouve un marché bio le vendredi et le samedi) permet de retracer sa courte histoire.

Inauguration de la ligne ferroviaire en 1892

La ligne reliant la ville de Jaffa (port depuis l’Antiquité) à Jérusalem (ville sainte) a été inaugurée en 1892. Cette inauguration en grande pompe a même fait l'objet d'une manchette dans le New York Times. Elle était exploitée par une compagnie française : la Société du Chemin de Fer Ottoman de Jaffa à Jérusalem et Prolongements qui avait acquis la concession pour un montant de 1.000.000 de francs français auprès d'un entrepreneur juif (Yosef Navon) qui l’avait lui-même achetée 5.000 livres ottoman au gouvernement de l’époque.

Le temps de trajet pouvait durer environ 6 heures. Il y avait des wagons de première et seconde classe. Théodore Herzl prendra notamment ce train en 1898 pour rencontrer l’empereur Guillaume II à Jérusalem.

Billet de 2ème classe oblitérée, sans date.

Mais alors que la ligne peine à être rentable pour son exploitant, en 1914, c'est la douche froide pour ce dernier. Au début de la Première guerre mondiale, les Turcs décident d'arrêter l'exploitation et de confisquer la concession à la compagne française. Une partie des voies ferrées sera même démantelée et réaffectée à la construction de la ligne de chemin de fer vers Beer Sheva.

La fin de la guerre marque la disparition de l'empire ottoman et le début du mandat britannique sur la Palestine. Le train peut repartir et la ligne sera désormais exploitée par la société des chemins de fer de Palestine (Palestine Railways) qui indemnisera la compagnie française à hauteur de 565.000 livres sterling (beaucoup moins que les 1.500.000 francs français qu'elle escomptait).

Abandon définitif de la ligne en 1948

Le sabotage par les organisations clandestines sionistes entraîne l’arrêt de la ligne en 1946. Après l’indépendance de l'Etat d'Israël, la gare est définitivement fermée par les autorités israéliennes et la zone devient une zone militaire.

Ce n’est qu’au début des années 2000 que d’importants travaux de réhabilitation du site seront entrepris afin de mettre en valeur le site. L'ancienne gare et le bâtiment de l'usine adjacente ont été restaurés et transformés en magasins et restaurants tandis que la zone environnante et les « quais » sont devenus une place ouverte. Pour rappeler aux visiteurs le passé de la gare, un ancien wagon de chemin de fer se dresse à l'entrée du complexe.

Les points d'intérêts

Il est recommandé de visiter HaTachana tous les jeudis soirs pour l'événement "Unique" (Single), de 19h à minuit où les designers et les artistes locaux se réunissent pour un marché en plein air, accompagné d'un DJ en direct. Cet événement est suivi le lendemain par le marché Orbanic (bio urbain), ouvert le vendredi et le samedi.

Kerem Hateimanim : la pépite au coeur de Tel-Aviv

Le quartier Kerem HaTeimanim est assez ancien (1905). Situé au cœur de la ville, il y a une atmosphère particulière qui se dégage de ses petites ruelles étroites bordées de citronniers et d'orangers. De nombreux bâtiments sont encore délabrés ce qui s’explique par le fait qu’il est très difficile voire impossible pour la municipalité de Tel-Aviv de retrouver la trace des premiers propriétaires des terrains. Le registre foncier de l'époque n'était manifestement pas pas très bien tenu ! Pour le reste, le quartier se gentrifie sérieusement au point de perdre tout doucement son âme.

Découvrir le Kerem à pied

Nous commencerons la balade au début du Shouk Hacarmel qui jouxte le quartier. Nous passerons par différentes petites ruelles typiques qui font le charme du quartier. Arrêtez-vous à la terrase du café yom tov pour boire un café botz et découvrir l'épopée des Juifs Yéménites, l'opération "tapis magique" et le drame des enfants volés.

Si c'est l'heure de table, n'hésitez pas à vous arrêter dans un petit resaurant de spécialités yéménites apppelé Ozrei Brothers (Yichye Kapach Street n°30). Clientèle d'habitués, situé dans une ruelle assez calme. Goutez quelques spécialités: lahoh (pain yéménite), baladi, kebab, limonade. Mais attention aux piments!! Ils déménagent ! Vous pouvez également essayer une petite cantine éthiopienne.

Vous terminerez votre parcours en passant devant un torrefacteur improrbable puis dans les ruelles du Shouk consacrées à la viande et aux poissons. Juste pour les odeurs. C'est cela le Moyen-Orient. Tout un poème.

Un peu d'histoire

Une balade dans ce petit quartier charmant et atypique de Tel-Aviv permet de se pencher sur l’histoire de l’immigration des Juifs yéménites qui est probablement l'histoire la plus tragique du retour des Juifs en Israël.

Une première vague d’immigration au début du XXème siècle

La première vague d’immigration se déroule au début du XXème siècle (1904) encouragée par l’organisation sioniste mondiale. Les Juifs yéménites sont à cette époque essentiellement utilisés comme des ouvriers pour remplacer les ouvriers palestiniens arabes. Perçus comme des arabes par les Juifs ashkénazes ils sont relégués parmi les couches inférieures de la société israélienne. Alors qu’ils font pourtant leur Alya au même moment que les futurs pères fondateurs (Ben Gourion, Golda Meir, etc.) venus d’Europe, aucun Juif yéménite ne marquera l’époque.

Comment repérer un telavivien?

On raconte souvent que Tel-Aviv est une ville dynamique et pleine d'énergie, bref une ville qui ne dort jamais. Mais ceux qui écrivent cela n'ont probablement jamais mis les pieds dans cette ville. Tel-Aviv est une ville de trentenaires, célibataires ou avec de jeunes enfants, assez cool.

Les telaviviens se retrouvent quotidiennement sur les terrasses pour discuter et manger. Bref, ils prennent le temps de vivre. A tel point que certains se demandent parfois si les gens travaillent vraiment ici !

En somme, Tel-Aviv est une ville qui vit dans sa bulle, dans une région, le Moyen-Orient, pourtant réputée difficile et violente.

Opération « Tapis magique »

La deuxième vague d’immigration importante se déroule avec l’opération « Tapis magique», opération secrète qui permit d’emmener entre 1949 et 1950 la quasi-totalité des Juifs du Yémen (environ 49.000 personnes) en Israël, une poignée (1.200) décidant de rester. Ensuite, l’émigration s’est poursuivie par petits groupes, vers Israël ou les Etats-Unis. En 2009, une soixantaine de Juifs sont exfiltrés vers New-York. En 2016, une nouvelle opération spéciale secrète en pleine guerre civile, évacue 200 dont le rabbin de la communauté et un rouleau de la Torah datant de plus de 600 ans. Cette opération marque officiellement la fin des opérations de transfert par l’Agence juive. En 2021, 13 sont évacués vers l’Egypte. Il ne resterait que un seul Juif au Yémen :Levi Salem Musa Marhabi actuellement emprisonné par les forces rebelles Houtis

L’affaire des enfants disparus

Mais l’affaire la plus douloureuse en lien avec la communauté yéménite concerne la disparition de centaines d’enfants (le nombre exact n’est pas connu, on parle de plusieurs centaines à 1.500). En effet, à leur arrivée en Israël, beaucoup d’enfants, éprouvés par leur périple, étaient très affaiblis et furent envoyés en convalescence dans des hôpitaux. Certains furent déclarés morts. Leurs parents ont été informés que leurs enfants étaient décédés à l’hôpital mais n’ont pu voir ni le corps, ni la tombe. Des soupçons sont nés sur la réalité de ces décès.

Trois enquêtes gouvernementales se sont penchées sur l'affaire des enfants yéménites, comme on l'appelle, depuis les années 1960, et toutes ont conclu que la plupart des enfants sont morts de maladies et ont été enterrés sans que leurs parents en soient informés ou impliqués. Selon le personnel médical, certains enfants décédés furent enterrés sans que l’on puisse prévenir leurs parents en raison de la désorganisation entourant l’arrivée des Yéménites et notamment du mauvais enregistrement des noms. Des rumeurs persistantes au sein de la communauté yéménite évoquent le fait que ces enfants aient été donnés à des familles ashkénazes.

En 2016, sous la pression des familles victimes de ces pratiques et de l'opinion publique, Benjamin Netanyahu ouvre une enquête, les documents relatifs à l'affaire sont déclassifiés et mis en ligne. Tout cela a abouti à des révélations choquantes dans une commission de la Knesset sur des expériences médicales sur des enfants yéménites. Un témoignage donné sous serment lors de l'une des enquêtes précédentes a révélé que quatre bébés sous-alimentés sont morts après avoir reçu une injection expérimentale de protéines et que de nombreux enfants sont morts à la suite d'une négligence médicale. Des autopsies ont été pratiquées sur des enfants, qui ont ensuite été enterrés dans des fosses communes en violation de la tradition juive, a entendu la commission spéciale de la Knesset sur la disparition d'enfants. Dans certains cas, les cœurs des enfants ont été prélevés pour des médecins américains, qui étudiaient pourquoi il n'y avait presque pas de maladie cardiaque au Yémen.

Selon l’historien Tom Seguev, ces rumeurs d’enlèvement n’ont jamais été totalement confirmées. Il souligne que des centaines de milliers d'immigrants sont arrivés en Israël en temps de guerre, et dans les années qui ont immédiatement suivi, alors que le pays était encore sous le choc. "Tous ces gens sont venus dans des conditions très, très difficiles et c'est une histoire de chaos". La plupart des enfants sont probablement morts et « il n’a pas été prouvé qu'il y ait eu un complot organisé pour arracher des bébés yéménites et les donner à l'adoption ».

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