Ron Arad, tout le monde le connaît en Israël. Des chansons et poèmes lui sont dédiés. Des dizaines de reportages et des films lui sont consacrés depuis 40 ans.
Il est le « fils » que toutes les familles israéliennes redoutent : le soldat retenu captif ou porté disparu au combat.
Son histoire
Son histoire est à la fois simple et tragique : en opération dans le ciel du Liban en 1986, son avion subit un dommage technique. L’équipage arrive à s’éjecter et tombe en territoire ennemi. Le pilote est récupéré au cours d’une opération de sauvetage périlleuse mais Ron Arad, lui, est capturé par la milice libanaise Amal. Les ravisseurs demandent de l'échanger contre 200 prisonniers libanais et 450 palestiniens, ainsi que 3 millions de dollars. Le deal ne se fait pas. Certains estiment que c’est Itzhak Rabin, alors Ministre de la Défense, craignant le coût politique d’une nouvelle « affaire Jibril » qui aurait finalement refusé le deal.
La chance de le récupérer vivant est définitivement passée. On ne le reverra plus.
Un corps jamais retrouvé
Arad a envoyé trois lettres de captivité et deux photos de lui ont été publiées. Depuis lors c’est silence radio. Israël a perdu sa trace en 1988. Plusieurs opérations israéliennes ont été menées pour obtenir plus d'informations sur son sort, notamment la capture de membres du Hezbollah et une récompense de 10 millions de dollars.
Mais personne ne sait ce qu’il est advenu du navigateur. Un rapport officiel a déterminé en 2016 qu’Arad était probablement mort en 1988. Deux thèses circulent sur les causes probables du décès : la première est qu’il aurait été assassiné par la milice libanaise qui le détenait au sud-Liban. L’autre qu’il aurait été « vendu » et transféré en Iran où il est mort à la suite d’un accident.
Le syndrome Ron Arad: la fin du mythe
L’histoire du navigateur Ron Arad continue de hanter la société israélienne plus de 40 ans après sa disparition.
Un mythe persiste dans la société israélienne selon lequel le gouvernement se doit de tout faire pour ramener les soldats, vivants ou morts, en Israël. Et Ron Arad est celui qui vient remettre en question ce mythe puisque sa dépouille n’a jamais été rapatriée. Son retour demeure une cause nationale. En 2021, le Mossad a encore effectué une expédition périlleuse au sud-Liban pour collecter un échantillon ADN dans un cimetière local mais sans résultat.
Qui veut comprendre la psyché de la société israélienne doit connaître le « syndrome Ron Arad ». Les centaines d’Israéliens détenus à Gaza à la suite des massacres commis par le Hamas le 7 octobre 2023 viennent d’enterrer définitivement le mythe.