Neve Ofer / Abu Kabir

Abu Kabir (ou Abu Kebir) est un ancien village arabe fondé à l’époque ottomane, situé au sud de l’actuelle Tel-Aviv-Jaffa. Ce hameau, qui comptait autrefois des vergers et des habitations traditionnelles, a été progressivement intégré à l’expansion urbaine de Tel-Aviv au cours du XXᵉ siècle, perdant son autonomie pour devenir un quartier de la métropole moderne.

Les origines du quartier

Le village arabe a été constitué à l’origine par les Egyptiens. Ces derniers, emmenés par Ibrahim Pacha,  ont gouverné la région pendant quelques années au XIXème siècle (1830-1840) au détriment des Ottomans et ont décidé d’y installer des compatriotes. Ceux-ci venaient essentiellement du village égyptien de Tel el-Kabir, ce qui explique l’origine du nom du village Abu Kabir.

L’assassinat de l'écrivain Brenner

L’arrivée progressive des Juifs dans la région va provoquer de vives tensions entre Juifs et Arabes. L’écrivain Yossef Chaïm Brenner vivait alors dans le quartier d'Abu Kabir. Lorsque les émeutes arabes de 1921 ont éclaté, il a refusé de fuir malgré les avertissements. Le lendemain, lui et cinq de ses compagnons ont été sauvagement assassinés. Cinq corps abîmés furent retrouvés par les Britanniques, dont un démembré. Ils ont été enterré dans le cimetière de Trumpeldor. Le sixième corps n’a jamais été retrouvé.

Le basculement démographique

La guerre de 1948 va venir bouleverser les équilibres démographiques. Les heurts entre Arabes et Juifs aboutissent à la destruction du village et l’expulsion des premiers. Une plaque commémorative située Herzl St 155 commémore l’assaut du village par les membres de la Haganah.

Après la création de l’État d’Israël en 1948, la zone fut principalement utilisée comme camp de transit (ma’abara) où des milliers de nouveaux immigrants juifs posent leurs valises, souvent sous des tentes ou dans des baraquements précaires. On y installe également un jardin zoologique et botanique, qui servit de base à la future université de Tel-Aviv. Le campus d’Abu Kabir ouvrit en 1953 avec seulement 24 étudiants, devenant ainsi la deuxième université du pays après l’Université hébraïque de Jérusalem.

Au fil des années, ces installations disparurent progressivement. L’université déménagea vers le nord de Tel-Aviv, à Ramat Aviv, où elle compte aujourd’hui plus de 30 000 étudiants.

Que reste-t-il de cette époque ? Quelques traces : l’Institut médico-légal (Abu Kabir Forensic Institute), un fragment du jardin botanique, et le vaste parc HaHorshot, poumon vert au milieu des immeubles. Le reste s’est fondu dans la ville moderne. Ici, sur les ruines d’Abu Kabir, s’étend désormais Neve Ofer, un quartier du sud de Tel-Aviv, où l’histoire se devine encore, au détour d’un sentier ou d’un vieux mur de pierre.

Institut médico-légal d'Abu Kabir

C'est le seul institut en Israël autorisé à effectuer des autopsies dans les cas de décès non naturels. Il joue un rôle crucial dans les enquêtes criminelles et l'identification des victimes. Il a parfois été au centre de scandales. Ainsi, au début des années 2000, il fût révélé que l'Institut avait pratiqué des prélèvements d'organes, de tissus et de parties du corps (cornées, peau, valves cardiaques, os, etc.) sur des corps décédés, y compris ceux de soldats de Tsahal et de civils (juifs et non-juifs), sans le consentement préalable de leurs familles. Ces prélèvements étaient faits à des fins de recherche ou de transplantation. L’affaire a provoqué l’émoi dans l’opinion publique et la démission des responsables de l'Institut.

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