Les origines du quartier
Le quartier de Neve Sha'anan à Tel-Aviv a une histoire riche et complexe, qui contraste fortement avec les quartiers huppés et modernes du reste de la ville.
Son origine remonte à 1922, lorsqu'il a été fondé par un groupe de 400 Juifs qui avaient quitté Jaffa. Leur but était de créer une communauté à la fois agricole et urbaine, avec des vergers d'orangers et de petites industries. Son nom, "Oasis tranquille", reflète cette intention initiale.
Des rues en forme de Menorah
L'urbanisme du quartier est assez unique, car son réseau de rues a été conçu pour ressembler à une menorah (chandelier juif à sept branches).
La rue Levinsky, artère principale du quartier, est le shamash , ou bougie centrale, qui allume toutes les autres. De chaque côté de Levinsky, plusieurs rues s'articulent en courbes vers l'ouest pour former le candélabre. Tout mignon donc.

Un destin qui bascule
Cependant, le destin du quartier a été profondément modifié par la construction de la gare routière de Tel-Aviv. L'ancienne gare, puis la nouvelle gare centrale construite dans les années 60, ont provoqué le déclin de Neve Sha'anan. Le quartier a perdu de son attrait et s'est transformé en une zone urbaine dense, devenant au fil des décennies un lieu d'accueil pour de nombreux travailleurs étrangers et migrants. C'est ici que vivent désormais les demandeurs d'asile et les travailleurs étrangers sans papiers, ceux que l'on appelle les invisibles de Tel-Aviv. Le quartier ne se trouve bien évidemment dans aucun guide touristique et c'est normal car il n'a pas bonne réputation. Asiatiques, Erythréens, Ethiopiens s’y cotoient et pas toujours de manière harmonieuse. Mais si vous voulez comprendre Tel-Aviv, il faut aussi pouvoir aborder ses côtés sombres.
La gare routière de Tel-Aviv : grandeur et décadence
Impressionnante par sa taille, la gare routière de Tel-Aviv est une œuvre colossale autant qu'elle est controversée. Avec ses 7 étages (dont 2 en sous-sol) et ses 240 000 m², le bâtiment devait être une ville dans la ville, avec 1 500 magasins et plus d'un million de voyageurs par jour. Un projet pharaonique, loin de la réalité d'un pays qui ne comptait alors que 3 millions d'habitants. Emblème de l'architecture brutaliste des années 60, tout de béton vêtu, sa construction a été un véritable fiasco. Après plus de 27 ans de travaux et d'innombrables déboires financiers, la gare n'est entrée en service qu'en 1993, 26 ans après le début du chantier. Aujourd'hui, une grande partie de ses espaces reste désespérément vide, témoignant de l'excès d'ambition qui a présidé à sa naissance.
C'est très probablement la seule gare routière au monde qui possède un énorme abri anti-bombe pouvant accueillir jusque 16.000 personnes, une salle de cinéma à six écrans entièrement construite mais jamais utilisée et un tunnel de bus qui est devenu une grotte de chauves-souris et a été déclaré réserve naturelle. On peut la visiter mais il vaut mieux le faire avec un guide car si vous vous perdez dans le bâtiment c'est foutu.
A noter toutefois au cinquième étage, Yung Yiddish a établi une bibliothèque yiddish avec plus de 40 000 livres et une programmation hebdomadaire.
Autour de la gare
Après avoir vu l'ancienne gare routière, dirigez-vous vers la rue piétonne et explorez les rues adjacentes.Vous y trouverez une multitude de restaurants africains (éthiopiens, érythréens, soudanais), des épiceries spécialisées et des salons de coiffure.
Ici, on est vraiement hors des sentiers battus.