Le cimetière de Trumpeldor

Le cimetière a été fondé en 1902 sur une parcelle de terrain inoccupée à Jaffa, six ans avant la fondation d'Ahuzat Bayit, le premier quartier de Tel-Aviv. Lorsque le cimetière a ouvert ses portes, son emplacement était éloigné des zones peuplées, mais il est aujourd'hui situé au coeur de la ville. Il compte environ 5.000 tombes.

Ce cimetière est considéré comme un panthéon national. Hommes d'État, intellectuels, figures de proue de la culture et fondateurs de la ville reposent dans ce lieu paisible et impressionnant, notamment :

  • Le peintre Reuven Rubin
  • L’artiste Nahum Gutman
  • Le poête Haïm Nahman Bialik
  • Le premier maire de Tel Aviv Meïr Dizengoff
  • le leader sioniste Haïm Arlosorov (assassiné à Tel-Aviv en 1933)
  • Le deuxième Premier ministre d’Israël Moshe Sharett
  • Le chanteur Arik Einstein

Bien que le cimetière porte le nom de Joseph Trumpeldor, il n’y est pas enterré.  Alors, pourquoi ce cimetière s’appelle-t-il Trumpeldor, alors que le principal intéressé n’y a même pas sa dernière demeure ? Eh bien, parfois, la vérité est beaucoup plus simple que ce qu’on imagine : c’est juste parce que la rue s’appelle comme ça ! Pas de mystère, pas d’énigme cachée – juste une histoire d’adresse.

Et d’ailleurs, si vous cherchez Joseph Trumpeldor, il faudra prendre un billet pour Kfar Giladi, tout là-haut dans le nord du pays, près de Tel Haï, là où il est tombé en 1920 lors d’un affrontement devenu légendaire.

Mais qui est Joseph Trumpeldor?

  • A) Le cousin germain juif de Donald Trump
  • B) Le cousin germain juif d'Albus Dumbledore.
  • C) Un scientifique renommé en physique nucléaire qui a découvert la Bombe.
  • D) Un héros national

La réponse

En pratique

📍 Adresse

Trumpeldor Street, Tel Aviv, Israël

https://www.kadisha.org/kadisha-tel-aviv/trompeldor-cemetery/

🕰️ Horaires d'ouverture

  • Dimanche à jeudi : de 6h30 à 19h00
  • Vendredi : de 6h30 à 14h00
  • Samedi : fermé

🚍 Accès

  • Transports en commun : lignes de bus 66, 90 et 166
  • Situé en plein centre-ville, à proximité de nombreux autres sites historiques.

Où se situe le cimetière de Trumpeldor

Le procès de Trumpeldor

Les biens culturels historiques peuvent-ils être vendus ?

Un débat existe au sein de nos sociétés concernant la possibilité pour un bien culturel historique d'être considéré comme une marchandise ordinaire et d'être détenu par un propriétaire privé. Un exemple notable est la vente fréquente de squelettes de dinosaures par des musées lors de ventes aux enchères.

Ce débat a lieu également en Israël. Une affaire a défrayé la chronique  judiciaire il y a quelques années (2022) au sujet d’une lettre écrite par Joseph Trumpeldor, combattant mort en héros et inscrit dans la mémoire collective israélienne. Dans cette missive assez courte, la seule connue écrite par Trumpeldor en hébreu, le commandant s’adresse au père d’un soldat mort au combat pour le consoler : « Je comprends la grande douleur qui vous habite, mais sachez que votre fils est tombé en héros pour le peuple juif et pour la terre d’Israël ».

Bref, la première version de l’idée selon laquelle « il est bon de mourir pour son pays… ».

Vente aux enchères

Ce document exceptionnel fût acheté par un collectionneur privé pour 600 USD et  ensuite mis en vente dans une maison aux enchères pour 100.000 USD.

L’Institut Jabotinsky tenta d’interdire la vente, affirmant que le document, probablement volé de ses archives, avait une grande valeur culturelle et historique tant par son contenu que par l’identité de son auteur et était donc incessible.

Le tribunal rejeta ces arguments. Il réprimanda tout d’abord l’Institut en lui reprochant d’avoir été négligent et fait peu cas de cette lettre dans le passé. C’est grâce au collectionneur privé et non au musée que ce document est devenu une pièce historique.  Le tribunal donna ainsi tort à l’Institut et considéra que la lettre bien qu’ayant une grande importance historique, pouvait néanmoins passer dans des mains privées, à la condition qu’elle soit préservée et accessible aux générations futures.

Pour aller plus loin sur cette affaire:

Israeli Court Rules Trumpeldor Letter Can Stay in Private Hands, Haaretz, 2022

 

Trumpeldor, le combattant manchot

Le nom de Joseph Trumpeldor ne vous dit rien ?

C’est pourtant un personnage central dans la mythologie israélienne. Un combattant entré dans l’histoire de l’Etat d’Israël pour  son héroïsme et sa bravoure.

Il perd un bras dans une bataille

Trumpeldor, né en Russie à Piatigorsk, a rejoint tôt l'armée russe et participé à la guerre russo-japonaise (1904-1905), où il a perdu un bras et a été capturé par les Japonais. En 1911, il fait son Aliya, fonde la légion juive avec Zeev Jabotinsky, et combat comme commandant d'une brigade juive aux côtés de l'armée britannique pendant la Première Guerre mondiale.

La bataille de Tel Haï

En 1920, Joseph Trumpeldor et une petite unité de la légion juive défendent bravement une colonie juive du Nord de Tel Haï contre des attaques arabes. Au cours de la bataille, les huit combattants perdent la vie.

Avant de mourir, Trumpeldor aurait alors déclaré : « Qu’il est bon de mourir pour mon pays ».

Trumpeldor ou le mythe national du sacrifice

Le personnage devient une icône et la bataille entre dans le récit sioniste.

La référence à Joseph Trumpeldor est partout en Israël : Beitar – acronyme de « Brit Yossef Trumpeldor » (« L’alliance de Joseph Trumpeldor ») – est devenu le nom du mouvement de jeunesse sioniste révisionniste, et une litanie de noms de lieux et de clubs de football et de basket-ball. De nombreuses rues en Israël portent également le nom de Trumpeldor, tout comme un célèbre cimetière de Tel-Aviv. Et la ville de Kiryat Shmona (la « Communauté des Huit »), dans le nord d'Israël, porte le chiffre huit en référence aux huit combattants tués lors la bataille de Tal Haï, dont Trumpeldor.

Le choix de se battre et de mourir plutôt que de se rendre va devenir le mantra de l’héroïsme sioniste dans le Yishouv (le pré-état) et le fondement d'une doctrine militaire et politique israélienne de bravoure – celle de conserver son territoire à tout prix.

Le Jour du souvenir - Yom Hazikaron

C’est ce mythe national du sacrifice qui continue d’être véhiculé chaque année en Israël lors de la  « Journée du Souvenir » (Yom Hazikaron) honorant les soldats tombés pour la patrie (25.460 entre 1860 et 2025) et les victimes du terrorisme (5.229 entre 1851 et 2025) ou plus récemment pour relater la bravoure des soldates de la base militaire de Nahal Oz tuées lors des attaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2023.

Lors de la cérémonie de 2025, le chef d’état-major a rendu un vibrant hommage aux soldats tombés pour le pays : « Ces héros nous ont légué un esprit de bravoure et de responsabilité. Nous nous engageons à marcher dans leurs pas », a-t-il déclaré. Le commissaire Levy a salué le courage des forces de sécurité face à l’ennemi. Un haut fonctionnaire du ministère de la Défense, a insisté sur la nécessité de faire vivre l’héritage des héros au quotidien : « Ces noms ne sont pas seulement ceux de martyrs, mais de bâtisseurs d’Israël. Nous devons vivre avec honneur et unité, en leur mémoire. » D’ici l’ouverture officielle du Jour du Souvenir, chaque tombe recevra un drapeau, une fleur et une bougie, perpétuant un hommage vibrant à la mémoire des héros d’Israël ».

Bref du Trumpeldor dans le texte.

Pour aller plus loin sur Joseph Trumpeldor:

Le procès de Trumpeldor

Word of the Day Tov Lamut Be'ad Artzeinu, Haaretz, 2013

 

T’as la Réponse ?

🎖️ T’as la Réponse ?

1️⃣ Où Joseph Trumpeldor est-il né ?

2️⃣ Quelle guerre a coûté un bras à Trumpeldor ?

3️⃣ Quelle unité militaire Trumpeldor a-t-il contribué à créer ?

4️⃣ Où Trumpeldor est-il mort ?

5️⃣ Quelle était la dernière phrase célèbre attribuée à Trumpeldor ?

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