L’orange est le fruit qui caractérise Jaffa

La région côtière était pendant 150 ans un endroit où il y avait beaucoup de malaria en raison des marécages.

Les pionniers juifs au siècle dernier ont installé des pompes pour drainer les marécages et pomper l’eau fraîche pour leurs vergers. Jaffa devient finalement le plus important port pour l’exportation d’agrumes.

Le saviez-vous?

Les fruits, comme tant d'autres choses, font l'objet d'un véritable combat politique dans la région.

Le label israélien "oranges de Jaffa" est devenu une marque internationale reonnu dans le monde entier. Pourtant, il n'y a plus d'orangeraies à Jaffa. Les oranges sont donc produites partout en Israël (et même ailleurs comme en Afrique du Sud) sauf à Jaffa !!

Ces oranges sont en réalité l'un des symboles iconiques des débuts du sionisme: le travail des nouveaux pionniers qui transformèrent une terre aride en une terre fertile. Ce qui fait enrager les Palestiniens.

La pastéque est, elle, devenue, au fil du temps le symbole des Palestiniens (couleurs identiques au drapeau national). Ce qui fait enrager les Israéliens qui aiment bien en manger.

L’affaire Lillehammer

Le Mossad, célèbre agence d'espionnage, s'est taillé une réputation internationale à partir des années '60. Avec des exploits qui semblent tout droit sortis d'un scénario de film, comme la capture du tristement célèbre Eichmann, le sauvetage héroïque des communautés juives du Yémen et d'Éthiopie, sans oublier les opérations d'élimination ciblée de scientifiques impliqués dans le programme nucléaire iranien. Même l'espionnage sur le sol américain n'a pas échappé à leur panoplie (pensez à l'affaire Jonathan Pollard). Et qui pourrait oublier cette épopée des masques durant la pandémie de Covid ? Israël, dans un tour de force orchestré par le Mossad et armé de valises remplies de dollars, a réussi à réquisitionner des cargaisons de masques directement sur le tarmac d'un aéroport asiatique.

Cependant, même les meilleurs ont leurs jours sans. C’est le cas de ce que l’ on appelle aujourd’hui l'affaire Lillehammer.

Opération « Colère de Dieu »

L'ouverture de ce récit tragique se situe lors du drame survenu aux Jeux Olympiques de Munich en 1972, où des athlètes israéliens furent sauvagement assassinés. En réaction, l'opération "Colère de Dieu", approuvée par Golda Meir et confiée aux agents du Mossad, avait pour mission de localiser et neutraliser les auteurs de cet acte odieux. Les agents du Mossad, avec une précision chirurgicale, ont mené des opérations clandestines pour éliminer ces terroristes, un par un.

C'est dans ce contexte que les services secrets israéliens reçoivent un tuyau : Ali Hassa Salameh, le cerveau derrière l'organisation « Septembre Noir » et architecte de la prise d'otages, serait caché en Norvège, précisément dans la paisible ville côtière de Lillehammer.

La bavure

Le Mossad orchestre alors une opération secrète pour, comme on dit dans le jargon, « neutraliser l’individu ». Imaginez la scène : 15 agents, chacun maître dans l'art du déguisement, convergent vers la paisible bourgade de Lillehammer. Ils louent discrètement une cachette et une voiture, effectuent des repérages dignes de professionnels. Puis, le jour J, tel un coup de théâtre, deux agents surgissent de leur véhicule, abattent la cible avec une précision chirurgicale (13 balles !!) et s'évanouissent dans la nature. La mission, rondement menée, est un succès.

Mais, le lendemain, le Mossad apprend par les journaux que ses agents ont abattu la mauvaise personne ! Ils ont tué un serveur d’origine marocaine dénommé Ahmed Bouchiki qui n’avait aucun lien avec l’organisation terroriste !

Dans une série d'erreurs dignes cette fois d'un film de comédie, deux agents israéliens se font prendre après avoir utilisé leur véritable identité pour louer une voiture, ce qui est à peu près aussi discret qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Interrogé par la police norvégienne, Dan Abrel, l'un des agents, révèle sans détour l'adresse de leur cachette. La police y trouve cinq autres agents, y compris la fameuse espionne Sylvia Rafael. Tous les sept sont jugés et reçoivent des peines de prison, mais grâce à une intervention diplomatique habile, ils sont libérés, sauf Sylvia Rafael qui passe deux ans derrière les barreaux.

Israël n'a jamais reconnu sa responsabilité dans l'assassinat erroné de Bouchiki, mais après une longue campagne judiciaire menée par sa famille, il a finalement accepté en 1996 de les indemniser pour sa mort. Le frère cadet d'Ahmed Bouchiki, Chico, est devenu membre fondateur du groupe de musique Gipsy Kings. Il est envoyé de l'UNESCO pour la paix et s'est produit en Israël.

La morale de cette histoire

Le vrai Salameh sera finalement assassiné au moyen d’une voiture piégée, à Beyrouth en 1979 par le Mossad. Et le dernier terroriste impliqué dans la mort des athlètes israéliens sera, lui, liquidé en 1990, plus de 18 ans après l’attaque.

Pour le Mossad, la vengeance est un plat qui se mange froid.

Connaissez-vous Baruch Mizrahi?

Suite à l’établissement de l’État d’Israël, aux mouvements de décolonisation et à la guerre de 1967, les Juifs du Maghreb et du Proche-Orient sont expulsés des pays arabes et émigrent massivement en Israël, emportant bien souvent avec eux, pour unique bagage, la culture de leur pays d’origine.

Une aubaine pour le Mossad, les redoutables et redoutés services secrets israéliens, qui en profite pour recturer des agents spéciaux. En effet, un agent parlant arabe sans accent, connaissant les coutumes locales et capable de se fondre dans la population est d’une efficacité redoutable.

Un agent oublié

Dans le monde très particulier des services secrets, le Mossad, a une aura particulière. L'Agence compte plusieurs victoires retentissantes à son actif, comme la capture d’Eichmann ou la traque des assassins des onze athlètes israéliens lors Jeux olympiques de Munich en 1972.

Certains de ses agents sont même devenus célèbres. L’histoire de l’agent secret Eli Cohen, qui a opéré en Syrie jusqu’au sommet de l’État avant d’être finalement arrêté, torturé et pendu à Damas en 1965, est bien connue.

Cependant, certains agents qui ont contribué à la réputation du Mossad restent totalement inconnus du grand public.

C’est le cas de Baruch Mizrahi, dont l’histoire, basée sur des documents secrets du Mossad, a été révélée par le journal Haaretz.

La fabuleuse histoire de Baruch Mizrahi

Cette histoire est incroyable car cet agent spécial semble avoir participé à toutes les grandes épopées de l’Agence dans les années 60/70.

Il a d’abord été envoyé en Syrie pour collecter des renseignements sur le régime et recruter des agents locaux (en même temps que le célèbre agent Eli Cohen, mais sans se connaître). Le Mossad l’a ensuite envoyé au Liban pour recueillir des informations sur l’organisation palestinienne Fatah. Arrêté à l’aéroport de Beyrouth et interrogé pendant 4 jours, il a finalement été relâché, faute de preuve.

Le Mossad a voulu le faire “oublier” des pays arabes et l’a envoyé pendant un certain temps en Amérique latine pour tenter de vérifier l’identité d’une personne que certains pensaient être le criminel nazi Heinrich Müller (l’un des 10 principaux nazis recherchés par le Mossad). Après une traque de plusieurs semaines, il a conclu que ce n’était pas la bonne personne.

On le retrouve finalement au Yémen pour suivre les dirigeants de l’OLP. Il réussit à prendre une photo d’Ali Hasan Salameh, l’un des responsables du massacre des athlètes israéliens aux Jeux olympiques de 1972. Grâce à cette photo et aux renseignements recueillis par Mizrahi, le Mossad a pu monter une opération pour tenter de l’éliminer (avec la fameuse “affaire Lillehammer” qui s’est soldée par la mort d’un innocent confondu avec la cible).

Sa capture

C’est lors de sa mission au Yémen que la vie de l’agent bascule. Il est arrêté pour des motifs peu clairs et soumis à un interrogatoire terrible. Selon les documents du Mossad révélés par le journal Haaretz, ses interrogateurs lui ont infligé des décharges électriques, l’ont battu et giflé, lui ont arraché les ongles, tout en cherchant à l’humilier. Il finit par craquer et révéler sa véritable identité, mais réussit néanmoins à ne pas révéler une partie de son histoire, notamment sa période syrienne.

Israël a estimé qu’il était trop dangereux d’envoyer un commando le chercher et a préféré attendre le bon moment. Grâce à Ashraf Marwan, conseiller du président égyptien Anwar Sadat. Marwan était un agent du Mossad, surnommé “Angel”, qui restera dans l’histoire pour avoir alerté sur l’attaque imminente égyptienne en 1973. L'agent secret est finalement transféré dy Yémen vers une prison égyptienne.

Et c’est après la guerre du Kippour que l’occasion de le ramener s’est présentée : le chef du Mossad de l’époque a écrit une lettre à Golda Meir pour lui demander de le faire libérer dans le cadre d’un échange de prisonniers et a même menacé de démissionner s’il n’était pas libéré.

Il a finalement été échangé et est rentré sain et sauf en Israël.

Le syndrome « Ron Arad »

Ron Arad, tout le monde le connaît en Israël. Des chansons et poèmes lui sont dédiés. Des dizaines de reportages et des films lui sont consacrés depuis 40 ans.

Il est le « fils » que toutes les familles israéliennes redoutent : le soldat retenu captif ou porté disparu au combat.

Son histoire

Son histoire est à la fois simple et tragique : en opération dans le ciel du Liban en 1986, son avion subit un dommage technique. L’équipage arrive à s’éjecter et tombe en territoire ennemi. Le pilote est récupéré au cours d’une opération de sauvetage périlleuse mais Ron Arad, lui, est capturé par la milice libanaise Amal. Les ravisseurs demandent de l'échanger contre 200 prisonniers libanais et 450 palestiniens, ainsi que 3 millions de dollars. Le deal ne se fait pas. Certains estiment que c’est Itzhak Rabin, alors Ministre de la Défense, craignant le coût politique d’une nouvelle « affaire Jibril » qui aurait finalement refusé le deal.

La chance de le récupérer vivant est définitivement passée. On ne le reverra plus.

Un corps jamais retrouvé

Arad a envoyé trois lettres de captivité et deux photos de lui ont été publiées. Depuis lors c’est silence radio. Israël a perdu sa trace en 1988. Plusieurs opérations israéliennes ont été menées pour obtenir plus d'informations sur son sort, notamment la capture de membres du Hezbollah et une récompense de 10 millions de dollars.

Mais personne ne sait ce qu’il est advenu du navigateur. Un rapport officiel a déterminé en 2016 qu’Arad était probablement mort en 1988. Deux thèses circulent sur les causes probables du décès : la première est qu’il aurait été assassiné par la milice libanaise qui le détenait au sud-Liban. L’autre qu’il aurait été « vendu » et transféré en Iran où il est mort à la suite d’un accident.

Le syndrome Ron Arad: la fin du mythe

L’histoire du navigateur Ron Arad continue de hanter la société israélienne plus de 40 ans après sa disparition.

Un mythe persiste dans la société israélienne selon lequel le gouvernement se doit de tout faire pour ramener les soldats, vivants ou morts, en Israël. Et Ron Arad est celui qui vient remettre en question ce mythe puisque sa dépouille n’a jamais été rapatriée. Son retour demeure une cause nationale. En 2021, le Mossad a encore effectué une expédition périlleuse au sud-Liban pour collecter un échantillon ADN dans un cimetière local mais sans résultat.

Qui veut comprendre la psyché de la société israélienne doit connaître le « syndrome Ron Arad ». Les centaines d’Israéliens détenus à Gaza à la suite des massacres commis par le Hamas le 7 octobre 2023 viennent d’enterrer définitivement le mythe.

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