L’ancienne ambassade de l’Union soviétique

En remontant le boulevard, au n° 46, se trouve l'ancienne ambassade de l'Union soviétique appelée « la maison Levin » ou encore « le château »

Le bâtiment de style néoclassique a été construit en 1924 par l’architecte Yehuda Magidovich (celui qui va également construire la grande synagogue) pour la famille Levin. Le bâtiment a été construit à la manière des maisons de vacances, populaires à la fin du XIXe siècle en Italie, avec quelques influences néoclassiques, principalement dans les détails architecturaux.

Le bâtiment a très vite été surnommé « le château » par les habitants de la ville en raison de ses grandes arches, de sa façade élégante et de sa tour. Lors de la création d’Israël en 1948, l’endroit est devenu l’ambassade de l’Union soviétique. Mais le 9 février 1953, un groupe militant sioniste, pose une bombe sur l'ambassade pour protester contre la persécution des Juifs soviétiques. Il y a quelques blessés et la façade est endommagée.  L'Union soviétique soupçonne que le gouvernement israélien est également à l'origine de l'attaque et les relations diplomatiques sont rompues pendants quelques mois (renouvelées en juillet de la même année après la mort de Staline). Elles seront à nouveau rompues après la guerre de juin 1967. Les liens officiels ne seront pleinement rétablis en 1991 par Gorbatchev.

L'un des éléments les plus frappants du bâtiment est sa tour au toit pointu. Il avait un toit mécanique qui, selon la légende, soit facilitait le transport de gros meubles, soit permettait aux résidents religieux de construire une soucca pendant les vacances des récoltes d'automne.

Le bâtiment a longtemps été négligé et s’es détérioré. En 1995, la propriété a été achetée par le promoteur Akirov, qui a reçu l'autorisation de construire la tour Elrov de 26 étages derrière la maison en échange de sa rénovation. Elle a été revendue 35 m de NIS en 2006 à un philanthrope.

 

La fontaine mosaïque de Nahum Gutman

La célèbre fontaine créée par l'artiste israélien Nahum Gutman (toujours le même) en 1976 à la demande de la municipalité et qui raconte, à travers une mosaïque vibrante, l'histoire millénaire de Jaffa et la naissance de la jeune et dynamique Tel-Aviv:

  • Le pilier le plus à gauche représente l'histoire biblique de Jonas jeté par-dessus bord lors d'une tempête et avalé par une baleine. Le pilier central représente la nouvelle ville de Tel-Aviv, fondée en 1909, avec le gymnase Herzliya en évidence vers le haut du pilier. Le pilier le plus à droite représente l'ancien port de Jaffa, avec des ouvriers sur le quai éclipsé par les falaises imposantes et ses bâtiments spectaculaires.
  • Les côtés arrières de chaque pilier sont inscrits avec des versets bibliques : Jérémie 31 :4, 2 Chroniques 2 :16 et Jonas 1 :3.
  • Autour de la fontaine se trouvent des images célèbres de l'histoire de Jaffa: Le prophète Jonas dans le boyau du poisson, le voyage des cèdres du Liban pour construire le temple, la légende d'Andromède, le voyage de Napoléon, les visites de Montefiore et Herzl, les quartiers "Ahuzat Beit" et Neve Tzedek, et la cérémonie de la déclaration d'indépendance.

Installée à l'origine sur la place Bialik devant l'ancien hôtel de ville, l'oeuvre a été déplacée vers son site actuel en 2008. L’histoire ne précise pas si la mosaïque a été démontée puis remontée pièce par pièce (bonjour l'horreur) ou si la fontaine a été déplacée entière. Remarquons que cette interrogation historique que nous formulons n'est pas si bète. Cette question s'est également posée lors de l’agrandissement de l'ancien quartier Sarona, où les maisons en bois ont été déplacées en bloc pour agrandir la route, plutôt que démolies et reconstruites. Un exemple d’ingénierie impressionnant.

Ahuzat Bayit : le quartier disparu

Ahuzat Bayit ne vous dit rien?

Ne cherchez pas le nom de ce premier quartier sur une carte actuelle de la ville de Tel-Aviv car il n'existe plus. C’était le premier grand projet en dehors de la ville de Jaffa. Il est considéré comme l’acte fondateur de Tel-Aviv car il fait écho au mouvement sioniste dont il est une métaphore. L’histoire officielle de ce quartier est donc nécessairement remplie des mythes fondateurs de l’Etat hébreu.

ᐅ Lire aussi notre article : Tel-Aviv et les mythes fondateurs de l’Etat hébreu

Découvrir Ahuzat Bayit à pied

Lors de cette balade, nous allons vous raconter l'histoire de ce qui reste du premier cinéma Eden (ouvert en 1914 et laissé à l’abandon depuis 1975 !), du tout premier kioske de la ville (point de rencontre des premiers habitants), de la fontaine de l’artiste Nahum Gutman, du monument des fondateurs de Tel-Aviv (à la place de l’ancien château d’eau), du premier centre commercial avec un ascenseur (passage Pensak), de l’ancienne ambassade de l’URSS (restée célèbre car en partie dynamitée lors d’un attentat dans les années 50), de la synagogue sépharade Ohel Moed et de son dôme impressionnant, de la Shalom Tower (la première tour du pays qui est en réalité l’endroit où se dressait le premier lycée hébraïque d'Israël), du hall de l’indépendance (l’ancienne maison du maire Meir Dizengoff où fût proclamée la naissance de l’Etat d’Israël).

Vous terminerez la balade sur la place Albert 1er (en l’honneur du Roi des Belges) où se dresse le fameux bâtiment la Pagode. La preuve que la ville, contrairement à sa légende véhiculée sur internet, ne se limite pas à son architecture Bauhaus.

♥ Bon à savoir : Le sentier de l'Indépendance

La municipalité a décidé de créer un petit parcours pédestre (appelé sentier de l’indépendance) balisé par une marque jaune sur le sol. Tout au long du parcours (2 h), il y a des petits écriteaux. Au poste d’information du sentier, on peut se procurer la carte. Toutes les cartes et informations sont fournies gratuitement! Vous pouvez louer une tablette avec la version étendue de l'application Independence Trail et profiter d'une visite interactive et expérientielle accompagnée d'audio, d'extensions de connaissances, de vidéos et d'un selfie amusant à chaque station.

Adresse : Rothschild 11

Eden Cinema

Adresse: 2-4 Lilenblum St.

Après le petit-déjeuner et ayant bien en tête l'histoire du quartier, vous  voilà d'attaque pour débuter le parcours de la journée.

Tel-Aviv a été fondé en 1909 et voit, 5 ans plus tard (1914), l'ouverture de son tout premier cinéma muet. Imaginez une salle de projection où les films étaient en noir et blanc, sans son, mais accompagnés par des musiciens en direct. Malheureusement, ce bâtiment est abandonné depuis 1974. Aujourd'hui, il ne reste plus que la façade historique à admirer.

Mais alors, pourquoi commencer une si belle journée par un bâtiment à l’abandon, me direz-vous? En voilà une très bonne question ! Eh bien, c'est justement en contemplant ce qui reste de ce bâtiment que vous pourrez pleinement saisir la mentalité israélienne : toujours regarder en avant et jamais en arrière. Cette manière d'aborder la vie fait partie des mythes fondateurs de la nation israélienne (création d'un "nouveau" Juif) en ce qu'elle marque une rupture nette entre un Juif israélien, qui regarde son avenir et un Juif de Diaspora, qui, lui, vit dans son passé.

Dans notre article Tel-aviv: son patrimoine en péril !, nous vous racontons comment Israël, pour des raisons idéologiques, a longtemps négligé sa propre histoire.

Finalement, un cinéma, même en ruine, peut raconter beaucoup de choses.

Passage Pensak

Adresse:  16 Herzl St., Tel-Aviv

Le Passage Pensak est le premier "centre commercial" de Tel-Aviv, construit en 1925. Ce bâtiment abritait des commerces, des bureaux et des ateliers, et a organisé le premier restaurant sur son toit, ainsi que le premier ascenseur de la ville. À l'entrée, un panneau indique la « ma'aliya », menant à une cour intérieure ouverte, rappelant les riads marocains. L'ascenseur historique, avec sa plateforme recouverte de sable local et de coquillages, est un véritable trésor caché. La façade du bâtiment rappelle les grands magasins européens, et le nom "Passage Pensak" provient de son premier propriétaire, un riche homme d'affaires new-yorkais.

ᐅ Lire aussi notre article : Tout savoir sur le Passage Pensak

Le lycée hébraïque Herzliya Gymnasium

Adresse : Tour Shalom

Herzl jusqu'à son intersection avec la rue Ahad Ha'Am.  C'est à cet endroit que se dressait le premier lycée hébraïque. C'est-à-dire la première école où la langue de l'enseignement était l'hébreu moderne. Le bâtiment a malheureusement été rasé en 1960 pour être remplacé par la Tour Migdal Shalom (à l'époque le plus haut gratte-ciel du Moyen-Orient) qui se trouve devant vous.

N'hésitez pas à entrer dans ce building. On peut y voir dans le hall d’entrée une maquette reconstituant le quartier historique, une exposition de photographies des débuts de la ville et deux impressionnants murs de mosaïque réalisés par des artistes de Tel-Aviv. L'un créé en 1967 par Nahum Gutman, intitulé « Génération des fondateurs » représentant les débuts de Tel Aviv avec quatre couleurs qui symbolisent diverses périodes. L'autre a été créé par David Sharir en 1994 et montre les scènes quotidiennes de la vie citadine.

Prenez ensuite l'ascenseur jusqu'au dernier étage. Une excellente façon de découvrir Tel-Aviv est de prendre de la hauteur et de capturer des photos panoramiques spectaculaires. C'est le bon endroit pour lire notre article sur l'histoire de la ville de Tel-Aviv, de ses origines à nos jours.

La fontaine mosaïque de Nahum Gutman

Adresse : 3 Rothschild, Tel-Aviv

La fontaine, créée par l'artiste israélien Nahum Gutman en 1976, raconte l'histoire millénaire de Jaffa et la naissance de Tel-Aviv à travers une mosaïque vibrante. Le pilier gauche représente Jonas et la baleine, le pilier central montre Tel-Aviv fondée en 1909, et le pilier droit illustre l'ancien port de Jaffa. Les piliers sont inscrits de versets bibliques. Autour de la fontaine, des images célèbres de l'histoire de Jaffa sont représentées. Initialement installée sur la place Bialik, la fontaine a été déplacée à son emplacement actuel en 2008.

ᐅ Lire aussi notre article : Tout savoir sur la fontaine iconique imaginée par Nahum Gutman

Le premier kiosque

Adresse : croisement de la rue Herzl et du Boulervard Rothschild.

A sa création en 1910, Tel-Aviv, c'est juste quelques rues et un grand boulevard baptisé "Rothschild" en l'honneur du baron Edmond de Rothschild. C'est autour de ce boulevard que les 66 premières familles juives se sont installées. Bref un petit quartier tranquille. Mais pas pour longtemps. Certains veulent y implanter des commerces tandis que d'autres sont contre cette idée et veulent que le quartier demeure résidentiel.  Finalement, un compromis est trouvé et un petit kiosque voit le jour !

Ce kiosque blanc devant vous, une reconstitution de l'original détruit en 1989, devient rapidement un lieu de rendez-vous incontournable. Une lanterne y est installée, projetant une lumière douce et chaleureuse, attirant les jeunes qui viennent y discuter et se retrouver. Au fil des années, les kiosques vont se multiplier comme des petits champignons. En 1920, on en compte déjà une centaine ! Imaginez les rues animées avec ces petits kiosques colorés, chacun offrant des boissons fraîches, des journaux et des collations.

Bien qu'ils tombent en désuétude par la suite, les kiosques font un retour en force depuis les années 2000, redevenant une partie intégrante du quotidien des habitants de Tel Aviv. Aujourd'hui il n'y a rien de plus chic que de faire la file pour commander un cafè hafukh (la version israélienne du cappucino) dans un kiosque.

Si vous voulez vous sentir comme un local, c'est l'expérience Tel Avivienne par excellence !

♥ Bon à savoir : le loyer d'un kiosque

Si l'envie vous prenait  un jour d'exploiter un kiosque, sachez qu'il vous faudra débourser un loyen mensuel pouvant aller jusqu'à 15.000 NIS (€ 4.000). A Tel-Aviv, tout est cher, même les kiosques !

Le Hall de l'Indépendance

Adresse : Rothschild Blvd 20, Tel Aviv

Un peu plus loin sur le boulevard se trouve la maison historique de Meir Dizengof, le premier maire de la ville, construite en 1910. Elle a subit de profondes modifications (ajout d'un étage dans les années 20, extensions, modification de la façade avant, etc. au fur et à mesure des années. Dans son testament, Dizengoff a légué sa maison aux enfants de Tel-Aviv et aux habitants de la ville.

C'est dans cette maison, qui était à l'époque transformée en musée, que David Ben Gourion proclama l'indépendance de l'Etat d'Israël le 14 mai 1948.

Monument des fondateurs de Tel-Aviv (à l’emplacement de l’ancien château d’eau)

Adresse: Monument des fondateurs

A quelques encablures du hall de l'Indépendance, au milieu du boulevard, se trouve le "monument des fondateurs".

Ce monument et la fontaine a été installé en 1949 en l'honneur du 40e anniversaire de la ville à l'emplacement du premier château d'eau. Dans le monument sont gravés les noms des fondateurs de la ville

Le monument est dédié aux hommes et aux femmes qui ont établi Tel-Aviv dans la première moitié du XIXe siècle (les fameuses 66 familles). Le monument représente le développement de la ville et présente également son logo original, conçu par Nahum Gutman. Le logo comporte une icône unique - un phare, qui selon Gutman symbolisait les aspirations des fondateurs de la ville : que Tel-Aviv serait une "porte d'entrée pour les immigrants et une lumière vers les nations".

Le musée de la Haganah (ancêtre de Tsahal)

Adresse: Rothschild Blvd 23, Tel Aviv

Le musée de la Haganah est situé dans la maison d'Eliyahu Golomb, le fondateur et commandant de facto de la Haganah. En 1930-1945, le quartier général secret de la Haganah était situé dans sa maison. La chambre d'habitation et le bureau de Golomb au rez-de-chaussée ainsi que l'extérieur de la maison ont été intégralement conservés. Il présente maintenant l'histoire de la Haganah et d'autres forces de défense qui ont été formées à partir du début du XXe siècle et jusqu'à la fondation des Forces de défense israéliennes.

L’ancienne ambassade de l’Union soviétique

Adresse: Rothschild Blvd 46, Tel Aviv-Yafo

L'ancienne ambassade de l'Union soviétique, construite en 1924 par Yehuda Magidovich, est devenue l'ambassade en 1948. Endommagée par une bombe en 1953, elle a été négligée jusqu'à sa rénovation en 1995 par Akirov, qui a construit la tour Elrov derrière.

ᐅ Lire aussi notre article : Attentat à l'ambassade !

Synagogue Ohel Moed

Adresse : Shadal St 5, Tel Aviv

Vous y trouverez la grande synagogue sépharade avec son impressionnant dôme. Elle a été construite dans les années 30 et est de rite sépharade. C’est donc la grande synagogue sépharade. De nombreux mariages y sont célébrés dont celui de l’espion israélien Eli Cohen.

Square Albert 1er

Première photo de la maison pagode (archive municipalité TLV)

Adresse: Place Roi Albert

Terminez votre parcours en passant par les rues Bezalel Yaffe et la rue Nachamni  pour arriver au square dénommé Roi Albert en l'honneur du roi des belges qui visita Tel-Aviv en tant qu’invité de Dizengoff.

C'est notre petit clin d'oeil aux Belges.

Sur la place se trouve la maison de la pagode qui doit son nom à la forme de son toît et qui est l'un des plus beaux édifices de la ville.

 

Qu'est-ce que l'affaire Lillehammer?

  • A) Un scandale sexuel impliquant Benjamin Netanyahu et sa secrétaire
  • B) Une des plus grosses bévues du Mossad
  • C) Une affaire de dopage d'un skieur israélien lors des JO d'hiver de 1976
  • D) L'oubli des codes nucléaires par David Ben Gourion dans un train

La réponse

Passage Pensak

Bienvenue au Passage Pensak, un bâtiment intéressant à plus d'un titre:

  • C'est le tout premier "centre commercial" de Tel-Aviv, construit en 1925. Mais bon, faut s'entendre. A l'époque c'était un bâtiment qui abritait quelques commerces, des bureaux et des ateliers.
  • C'est le bâtiment qui a organisé le premier restaurant sur son toit. Un rooftop avant l'heure. Swag.
  • C'est le bâtiment qui a abrité le premier ascenseur de la ville. À l'entrée, ne manquez pas le panneau délavé sur le mur qui indique la « ma'aliya » (une des premières formes du mot hébreu moderne ma'alit). Cela vous mène à une cour intérieure ouverte, rappelant les riads marocains, un véritable voyage architectural.  Et c'est à cet endroit que l'ascenseur a été installé, avec un cadre en fer forgé qui ferait pâlir d'envie n'importe quel architecte.

    Prenez un moment pour admirer cet ascenseur historique. Sa plateforme, recouverte de sable local et parsemée de coquillages, sont un clin d'œil charmant à la région. Un véritable trésor caché au cœur de Tel-Aviv ! 🌟🏛️

    Le bâtiment est très européen. La façade du bâtiment, rappelle celle des grands magasins de l'époque tandis que le terme "passage" ferait, lui, référence aux galeries commerçantes très présentes encore aujourd'hui à Paris, Bruxelles ou Prague par exemple.

Mais l'explication du nom "Passage Pensak" est peut-être plus prosaïque que cela. Pensak est le nom du premier propriétaire du bâtiment, un riche homme d'affaires new-yorkais ayant fait son aliya. La cour intérieure, elle, ne ressemble pas à une galerie commerçante traditionnelle. Peut-être le nom "Passage Pensak" a-t-il été choisi parce qu'il offrait tout simplement ... un passage depuis l'entrée vers la cour. Parfois faut pas allez chercher trop loin.

Tel-Aviv et les mythes fondateurs de l’Etat hébreu

L’histoire de nombreuses villes se base sur des mythes fondateurs. A New-York, le récit de la fondation de la ville commence par le rachat pour quelques florins de l’île de Manhattan par des colons aux Indiens. A Tel-Aviv, la construction en 1909 d’un tout nouveau quartier juif moderne, appelé Ahuzat Bayit, en dehors de la ville de Jaffa est le point de départ du récit officiel relatant la naissance de la ville. C'est l'acte fondateur de la ville.

Le récit historique couramment présenté indique que des membres de la communauté juive ont acquis des terrains adjacents à la ville de Jaffa afin d’y établir un quartier moderne. Cette nouvelle localité, créée par et pour la population juive, s’inscrit dans le cadre du mouvement sioniste, dont elle constitue une illustration symbolique.

Ainsi, la version officielle de la fondation de Tel-Aviv intègre les principaux mythes fondateurs associés à l’État d’Israël.

L'achat de terrains

Tout commence en 1909 lorsque 66 familles juives décident de quitter la vielle ville de Jaffa insalubre et surpeuplée pour créer un nouveau quartier juif moderne dans les faubourgs de la ville. Un comité de quartier (présidé par Arieh Akiva Weiss) est créé et est chargé d’acheter avec des fonds privés les terres sablonneuses appartenant aux bédouins. C’est la genèse de la ville : les Juifs sortent de Jaffa (où les propriétaires sont majoritairement arabes) pour créer une nouvelle vie juive en dehors de la ville. C’est la première ville hébraïque des temps modernes.

Cet acte fondateur a été immortalisée par une photo devenue iconique.

C’est la première référence métaphorique au projet sioniste : les Juifs s’installent par l’acquisition légale de terrain sur un terre vierge. La photo iconique fait également partie du mythe : on y voit des dunes de sables.C'est l'idée "du peuple sans terre pour une terre sans peuple".

Il faut juste se rappeler que les fonds privés ayant permis d’acquérir les terrains ont été obtenus avec le soutien des institutions sionistes (KKL) et que le quartier s’insère en réalité dans un tissu de quartiers préexistants juifs (Neve Tzedek en 1887, Neve Shalom en 1890, Mahaneh Yehudah en 1903, Mahaneh Yosef en 1904 et Ohel Moshe en 1905) mais aussi arabes (Manshiya et Abu Kabir). Bref, l'endroit n'était pas totalement désert.

La photo iconique

Le choix du nom du quartier

Le quartier s’appelait au départ (1909) Ahuzat Bayit. Mais il a très vite (un an plus tard) été rebaptisé Tel-Aviv (sur proposition du leader sioniste Nahum Sokolov) en référence au roman utopique de T. Herzl « Altneuland » qui décrivait une société juive moderne, créative, éduquée, tolérante et progressiste.

  • Altneuland = (Alt) ancien - (Neu) nouveau - (land) pays
  • Tel-Aviv = Tel (colline renfermant des vestiges du passé) – Aviv (printemps, renouveau)

C’est la deuxième référence métaphorique au projet sioniste. La création de Tel-Aviv est en fait la métaphore de la création de l’Etat d’Israël.

Le tirage au sort

Le 11 avril 1909, un tirage au sort - avec des coquillages blancs sur lesquels sont inscrits le noms des familles et des coquillages gris sur lesquels les numéros des lotissement sont inscrits – est organisé pour répartir les lotissements.

C’est la troisième référence métaphorique au projet sioniste qui se veut un projet égalitaire. Il n’y a pas de différence de classes sociales à l’intérieur de la nouvelle société juive. Riches comme pauvres sont logés à la même enseigne. Pourtant, à y regarder de plus près, les types sur la photos iconique ne font pas très "couleur locale". Ils sont tous habillés à l'occidentale et ont plutôt un type caucasien. Ils sont en réalité à 70% issus des immigrations européennes (des ashkénazes de la première et deuxième aliah). Et on applaudit aussi bien fort Meir Dizengof, notable de son état et futur maire de la ville, d'avoir eu "la chance" d'obtenir le plus beau des  lotissements sur le boulevard Rothschild ! Le hasard fait parfois bien les choses.

À l’époque, la fameuse loterie passe complètement sous le radar, à peine évoquée dans un journal local en 1909. Ce n’est qu’avec le recul des années qu’elle prend des allures de petite légende urbaine dans l’histoire de la ville, ajoutant une touche de mystère et d’amusement au récit fondateur.

Un quartier moderne

Ce premier quartier se veut assez moderne (eau courante, jardin, etc.) et s’inspire de l’architecture occidentale.Le projet est donc assez symétrique (une rue principale et 10 rues perpendiculaire). Ce quartier dénote ainsi totalement par rapport à l’agencement des anciens quartiers juifs que l’on trouvent dans les pays arabo-musulmans (mellah) ou en Europe (ghettos). C’est la quatrième référence métaphorique au projet sioniste. L’Israélien n’est plus un Juif ancien confiné dans un quartier insalubre de la ville en marge de la société mais un Juif nouveau et moderne qui prend son destin en main. Tel-Aviv est le premier quartier autonome de l’ère juive moderne. On n’est plus dans l’histoire des Juifs du ghetto.

On entre dans la nouvelle histoire moderne des Juifs d’Israël.

Ahuzat Bayit en 1917

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