Napoléon Bonaparte.

Au cours de sa campagne de Syrie, Napoléon et son armée assiègent la ville de Jaffa. Après quelques jours de siège, Bonaparte décide d'envoyer un émissaire pour demander la reddition des assiégés ottomans. Pour toute réponse, ledit émissaire est décapité, sa tête brandie en haut des remparts !!

Bonaparte ordonne alors l'assaut de la ville. Une division française trouve par hasard un souterrain et toute une division y entre pour se retrouver au centre-ville. Une autre division pénètre dans la ville via une brèche réalisée par l'artillerie dans la muraille. Les combats sont rudes et se font au corps à corps.

Finalement la ville tombe aux mains des français et les 3.000 prisonniers ottomans seront tous exécutés sur ordre de Napoléon.

Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa

La prise de Jaffa, le 7 mars 1799, et sa violente mise à sac par l'armée française, sont rapidement suivies par l'aggravation d'une épidémie de peste bubonique causé par le manque d’hygiène, qui va décimer l'armée commandée par Napoléon Bonaparte.

Il existe un tableau très célèbre racontant l'épopée de Napoléon à Jaffa peint par Antoine-Jean Gros (le tableau de 7m sur 5 est exposé à Paris au Louvre).

Description du tableau

La scène se passe sous les arcades d’un mosquée (on y voit sa cour et son minaret) reconvertie en hôpital de campagne. En arrière-plan, il y a les murailles de la ville de Jaffa dont une tour présente une brèche, tandis qu’un drapeau français démesuré flotte au-dessus.

  • À gauche, on trouve un homme habillé à la manière orientale distribue du pain, aidé par un serviteur qui porte un panier. Derrière eux, deux noirs en livrée portent un brancard.
  • Sur la droite, Bonaparte, l'air calme et bienveillant touche des doigts de sa main gauche dégantée les pustules d’un soldat debout, à demi vêtu d’un drap. Desgenettes, le médecin en chef de l’armée, surveille attentivement le général tandis qu’un soldat cherche à écarter la main de Bonaparte pour lui éviter la contagion. Cela illustre la méconnaissance au 19ème siècle de la maladie et des mécanismes de la contagion de la peste bubonique (notamment par les puces). Toucher à main nue un bubon n’est pas particulièrement risqué.

Analyse du tableau

  • Le geste médical est un peu plus à droite du tableau, il est inchangé depuis au moins le Moyen Âge : c'est l'incision des bubons opérée par le vieux médecin, pour s'en faire écouler le pus, ce qui est inefficace en termes de traitement, et affaiblit le malade. Le médecin essuie la lame qui va servir à inciser. L'assistant du médecin soutient et bloque le malade pendant l'opération.
  • A droite un autre soldat, entièrement nu, soutenu par un jeune Arabe, est pansé par un médecin turc. Un officier, les yeux bandés car il est atteint d’une ophtalmie en plus de la peste, s’approche à tâtons en s’appuyant sur une colonne. Depuis leur arrivée en Égypte en juillet 1798, les Français sont nombreux à être touchés par des troubles graves aux yeux dus au sable, à la poussière et à la lumière du soleil.
  • Au premier plan, un malade agonise sur les genoux de Masclet, jeune chirurgien militaire lui-même atteint par la maladie. Derrière le général, deux officiers français apparaissent effrayés par la contagion : l’un se protège la bouche avec son mouchoir tandis que l’autre s’éloigne. L'officier qui protège sa bouche et son nez n'a pas une attitude totalement infondée : certains cas de peste bubonique peuvent évoluer en peste pulmonaire, avec un risque très élevé de contagion par les aérosols émis par la toux des malades.

 

Explication du tableau

Le peintre magnifie le courage de Napoléon qui avance au milieu des soldats contaminés et touche même les plaies de l'un d'entre eux. Ce geste fait référence à la tradition des rois de France qui étaient censés guérir les écrouelles en les touchant (les écrouelles sont des abcès d'origine tuberculeuse atteignant les ganglions du cou).

Le rite, dont la tradition remonte au XIe siècle, se déroulait ainsi, le roi touchait les malades de ses mains en prononçant la formule : «Le roi te touche, Dieu te guérit».

Le tableau met en valeur Bonaparte au centre, dans la lumière, alors que les côtés sont dans la pénombre, son geste est déjà celui d’un souverain et les malades se tournent vers lui en l’implorant.

Réponse: l’orange

La région côtière était pendant 150 ans un endroit où il y avait beaucoup de malaria en raison des marécages.

Les pionniers juifs au siècle dernier ont installé des pompes pour drainer les marécages et pomper l’eau fraîche pour leurs vergers. Jaffa devient finalement le plus important port pour l’exportation d’agrumes.

Le saviez-vous?

Les fruits, comme tant d'autres choses, font l'objet d'un véritable combat politique dans la région.

Le label israélien "oranges de Jaffa" est devenu une marque internationale reonnu dans le monde entier. Pourtant, il n'y a plus d'orangeraies à Jaffa. Les oranges sont donc produites partout en Israël (et même ailleurs comme en Afrique du Sud) sauf à Jaffa !!

Ces oranges sont en réalité l'un des symboles iconiques des débuts du sionisme: le travail des nouveaux pionniers qui transformèrent une terre aride en une terre fertile. Ce qui fait enrager les Palestiniens.

La pastéque est, elle, devenue, au fil du temps le symbole des Palestiniens (couleurs identiques au drapeau national). Ce qui fait enrager les Israéliens qui aiment bien en manger.

L’affaire Lillehammer

Le Mossad, célèbre agence d'espionnage, s'est taillé une réputation internationale à partir des années '60. Avec des exploits qui semblent tout droit sortis d'un scénario de film, comme la capture du tristement célèbre Eichmann, le sauvetage héroïque des communautés juives du Yémen et d'Éthiopie, sans oublier les opérations d'élimination ciblée de scientifiques impliqués dans le programme nucléaire iranien. Même l'espionnage sur le sol américain n'a pas échappé à leur panoplie (pensez à l'affaire Jonathan Pollard). Et qui pourrait oublier cette épopée des masques durant la pandémie de Covid ? Israël, dans un tour de force orchestré par le Mossad et armé de valises remplies de dollars, a réussi à réquisitionner des cargaisons de masques directement sur le tarmac d'un aéroport asiatique.

Cependant, même les meilleurs ont leurs jours sans. C’est le cas de ce que l’ on appelle aujourd’hui l'affaire Lillehammer.

Opération « Colère de Dieu »

L'ouverture de ce récit tragique se situe lors du drame survenu aux Jeux Olympiques de Munich en 1972, où des athlètes israéliens furent sauvagement assassinés. En réaction, l'opération "Colère de Dieu", approuvée par Golda Meir et confiée aux agents du Mossad, avait pour mission de localiser et neutraliser les auteurs de cet acte odieux. Les agents du Mossad, avec une précision chirurgicale, ont mené des opérations clandestines pour éliminer ces terroristes, un par un.

C'est dans ce contexte que les services secrets israéliens reçoivent un tuyau : Ali Hassa Salameh, le cerveau derrière l'organisation « Septembre Noir » et architecte de la prise d'otages, serait caché en Norvège, précisément dans la paisible ville côtière de Lillehammer.

La bavure

Le Mossad orchestre alors une opération secrète pour, comme on dit dans le jargon, « neutraliser l’individu ». Imaginez la scène : 15 agents, chacun maître dans l'art du déguisement, convergent vers la paisible bourgade de Lillehammer. Ils louent discrètement une cachette et une voiture, effectuent des repérages dignes de professionnels. Puis, le jour J, tel un coup de théâtre, deux agents surgissent de leur véhicule, abattent la cible avec une précision chirurgicale (13 balles !!) et s'évanouissent dans la nature. La mission, rondement menée, est un succès.

Mais, le lendemain, le Mossad apprend par les journaux que ses agents ont abattu la mauvaise personne ! Ils ont tué un serveur d’origine marocaine dénommé Ahmed Bouchiki qui n’avait aucun lien avec l’organisation terroriste !

Dans une série d'erreurs dignes cette fois d'un film de comédie, deux agents israéliens se font prendre après avoir utilisé leur véritable identité pour louer une voiture, ce qui est à peu près aussi discret qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Interrogé par la police norvégienne, Dan Abrel, l'un des agents, révèle sans détour l'adresse de leur cachette. La police y trouve cinq autres agents, y compris la fameuse espionne Sylvia Rafael. Tous les sept sont jugés et reçoivent des peines de prison, mais grâce à une intervention diplomatique habile, ils sont libérés, sauf Sylvia Rafael qui passe deux ans derrière les barreaux.

Israël n'a jamais reconnu sa responsabilité dans l'assassinat erroné de Bouchiki, mais après une longue campagne judiciaire menée par sa famille, il a finalement accepté en 1996 de les indemniser pour sa mort. Le frère cadet d'Ahmed Bouchiki, Chico, est devenu membre fondateur du groupe de musique Gipsy Kings. Il est envoyé de l'UNESCO pour la paix et s'est produit en Israël.

La morale de cette histoire

Le vrai Salameh sera finalement assassiné au moyen d’une voiture piégée, à Beyrouth en 1979 par le Mossad. Et le dernier terroriste impliqué dans la mort des athlètes israéliens sera, lui, liquidé en 1990, plus de 18 ans après l’attaque.

Pour le Mossad, la vengeance est un plat qui se mange froid.

Connaissez-vous Baruch Mizrahi?

Suite à l’établissement de l’État d’Israël, aux mouvements de décolonisation et à la guerre de 1967, les Juifs du Maghreb et du Proche-Orient sont expulsés des pays arabes et émigrent massivement en Israël, emportant bien souvent avec eux, pour unique bagage, la culture de leur pays d’origine.

Une aubaine pour le Mossad, les redoutables et redoutés services secrets israéliens, qui en profite pour recturer des agents spéciaux. En effet, un agent parlant arabe sans accent, connaissant les coutumes locales et capable de se fondre dans la population est d’une efficacité redoutable.

Un agent oublié

Dans le monde très particulier des services secrets, le Mossad, a une aura particulière. L'Agence compte plusieurs victoires retentissantes à son actif, comme la capture d’Eichmann ou la traque des assassins des onze athlètes israéliens lors Jeux olympiques de Munich en 1972.

Certains de ses agents sont même devenus célèbres. L’histoire de l’agent secret Eli Cohen, qui a opéré en Syrie jusqu’au sommet de l’État avant d’être finalement arrêté, torturé et pendu à Damas en 1965, est bien connue.

Cependant, certains agents qui ont contribué à la réputation du Mossad restent totalement inconnus du grand public.

C’est le cas de Baruch Mizrahi, dont l’histoire, basée sur des documents secrets du Mossad, a été révélée par le journal Haaretz.

La fabuleuse histoire de Baruch Mizrahi

Cette histoire est incroyable car cet agent spécial semble avoir participé à toutes les grandes épopées de l’Agence dans les années 60/70.

Il a d’abord été envoyé en Syrie pour collecter des renseignements sur le régime et recruter des agents locaux (en même temps que le célèbre agent Eli Cohen, mais sans se connaître). Le Mossad l’a ensuite envoyé au Liban pour recueillir des informations sur l’organisation palestinienne Fatah. Arrêté à l’aéroport de Beyrouth et interrogé pendant 4 jours, il a finalement été relâché, faute de preuve.

Le Mossad a voulu le faire “oublier” des pays arabes et l’a envoyé pendant un certain temps en Amérique latine pour tenter de vérifier l’identité d’une personne que certains pensaient être le criminel nazi Heinrich Müller (l’un des 10 principaux nazis recherchés par le Mossad). Après une traque de plusieurs semaines, il a conclu que ce n’était pas la bonne personne.

On le retrouve finalement au Yémen pour suivre les dirigeants de l’OLP. Il réussit à prendre une photo d’Ali Hasan Salameh, l’un des responsables du massacre des athlètes israéliens aux Jeux olympiques de 1972. Grâce à cette photo et aux renseignements recueillis par Mizrahi, le Mossad a pu monter une opération pour tenter de l’éliminer (avec la fameuse “affaire Lillehammer” qui s’est soldée par la mort d’un innocent confondu avec la cible).

Sa capture

C’est lors de sa mission au Yémen que la vie de l’agent bascule. Il est arrêté pour des motifs peu clairs et soumis à un interrogatoire terrible. Selon les documents du Mossad révélés par le journal Haaretz, ses interrogateurs lui ont infligé des décharges électriques, l’ont battu et giflé, lui ont arraché les ongles, tout en cherchant à l’humilier. Il finit par craquer et révéler sa véritable identité, mais réussit néanmoins à ne pas révéler une partie de son histoire, notamment sa période syrienne.

Israël a estimé qu’il était trop dangereux d’envoyer un commando le chercher et a préféré attendre le bon moment. Grâce à Ashraf Marwan, conseiller du président égyptien Anwar Sadat. Marwan était un agent du Mossad, surnommé “Angel”, qui restera dans l’histoire pour avoir alerté sur l’attaque imminente égyptienne en 1973. L'agent secret est finalement transféré dy Yémen vers une prison égyptienne.

Et c’est après la guerre du Kippour que l’occasion de le ramener s’est présentée : le chef du Mossad de l’époque a écrit une lettre à Golda Meir pour lui demander de le faire libérer dans le cadre d’un échange de prisonniers et a même menacé de démissionner s’il n’était pas libéré.

Il a finalement été échangé et est rentré sain et sauf en Israël.